Figure essentielle de l'art paléolithique, le taureau jouait également un rôle central dans les plus anciennes religions connues de la Méditerranée et de son pourtour (mont Bégo, Crète, Anatolie, etc). On pense que le taureau était considéré comme l'agent visible de la force invisible qui meut et féconde la nature.
Ainsi que dans beaucoup de religions asiatiques, le taureau avait été adopté, dès les premiers âges, par les Égéens, comme le symbole de la force et de l'énergie créatrice. Il devint plus tard l'emblème du Grand dieu qui faisait pendant à la Grande déesse, et joua, comme tel, un rôle important dans les légendes crétoises; il lui arriva même de s'incorporer à la nature divine : le Minotaure est analogue au dieu Taureau des Elamites, ou à l'Enki des Sumériens, qui était aussi "le taureau sauvage du ciel et de la terre".
Le dieu Taureau n'était d'ailleurs pas l'unique aspect sous lequel se présentait le dieu crétois. A côté du Minotaure, il y avait aussi Minos. Le dieu était donc également conçu sous la forme humaine, et c'est ainsi qu'il se manifestait parfois à ses fidèles dans sa terrifiante majesté.Mais qu'il s'agisse de Minos ou du Minotaure, nous ne les connaissons qu'à travers les modifications que l'hellénisation fit subir à leur physionomie.
Le taureau qu'on sacrifiait à Apollon avait ordinairement les cornes dorées. Le taureau est un des douze signes du zodiaque; les mythes racontent que c'est l'animal sous la figure duquel Zeus enleva Europe, d'où il fut mis au nombre des constellations; selon d'autres, ce serait Io, que Zeus aurait enlevée au ciel après l'avoir changée en génisse.
Le taureau Aboudad joue un rôle important dans la cosmogonie perse; il naquit sans père et sans mère, simultanément avec Kayoumors, le premier homme; mais il était sans mouvement et sans parole, tandis que l'homme avait la faculté de se mouvoir et de parler. Le taureau fut mis à mort par Ahriman, et son âme consentit, à la sollicitation d'Ormuzd, à prendre soin des créatures qui étaient dans le monde, en attendant que le Ferouer de Zoroastre leur apprit à se préserver du mal. De la semence du Taureau, purifiée par la lumière de la lune, naquirent les plantes et les arbres, tandis que celle du premier homme donna naissance à un arbre représentant un homme et une femme unis, qui se divisèrent et devinrent Meschia et Meschiané.
Il ne faut pas confondre ce taureau primordial avec celui que l'on trouve quelquefois réuni à la figure de Mithra, dans les compositions romaines. On représente celui-ci sous la forme d'un jeune homme d'une belle figure, coiffé du bonnet phrygien, un genou appuyé sur un taureau renversé, auquel il plonge un poignard dans le cou. C'est, dit-on, un symbole de la force du soleil, lorsqu'il entre dans le signe du Taureau.